Coupe-coupe
Les dernières réalisations de Thierry Boyer sont présentées dans des caisses de contre-plaqué, qui évoquent à la fois le stockage et le transport et font de leur environnement un espace de transit.
A ces pièces font écho des photocopies laser collées sur des boîtes faisant irruption au mur. Tour à tour, photographies des sculptures réalisées ces dernières années et clichés faisant référence à une mémoire muséographique, semblent ironiser sur le dérisoire statut de l’objet extrait de son contexte artistique ou fonctionnel. Par leur aspect désuet, ces propositions mettent en exergue le caractère subjectif de toute image.
Synthèse provisoire de ces nouvelles recherches, pleine de cruauté ludique, « coupe -coupe » piège la voix du spectateur et le rend acteur à ses dépens : chaque son déclenche un système lumineux qui éclaire par transparence des images de coupe-coupe dont on ne sait s’ils sont des armes ou des outils. Simultanément, un halo lumineux s’échappe d’une caisse vide qui, présume-t-on, contenait les tubes d’acier étêtés se dressant non loin de là. Cet ultime travail rend intelligible les bases d’une réflexion sur les liens entre la perception et la mémoire, oscillant sans cesse entre volonté acharnée de reconstruire le monde et obscur désir de le défaire.
Nathalie GRANGIS, 1998