Mes premiers travaux sont des sculptures réalisées sous forme d’assemblages, à partir de matériaux d’origine industrielle. Des formes se sont imposées à la fois agressives et fragiles, guerrières et clémentes, violentes et vulnérables. Ceux qui les découvrent peuvent être à la fois repoussés et attirés par leur altérité.
Aujourd’hui, le processus est devenu plus complexe. Mes dernières réalisations, fruits de confrontations entre matériaux rigoureux et formes sensibles, suscitent une multitude d’interprétations. L’organique, le végétal, l’animal se sont introduits dans ma pratique et ont stimulé mes capacités à imaginer le monde autrement. Il ne s’agit plus de s’intéresser exclusivement à la seule présence physique de l’objet. Les formes, les dimensions, les matériaux ont subi des transformations inédites en fonction des opportunités et des interrogations rencontrées.
Désormais, mes sculptures me permettent d’investir et de m’approprier de nouveaux territoires physiques et symboliques. Les images qui leur sont associées, dessins, photographies et vidéos, viennent s’interposer pour renforcer ; alléger, disperser, contredire la présence de l’objet. Elles aident à métamorphoser les espaces où elles sont exposées en induisant des actions, des sensations et parfois des réflexions propres à la singularité de chaque expérience vécue.
Ces dispositifs se veulent un appel à remettre en question notre discernement. Que peut-on qualifier de « vrai » ou de « faux » ? Comment définir le naturel sans l’artifice ? Que devient la vaine tentation de vouloir saisir une réalité dénuée de subjectivité ?
Ces derniers travaux entrent donc en résonance avec les questions auxquelles nous ne pouvons actuellement plus nous soustraire, celles que se pose tout homme dans un environnement dont il éprouve l’impermanence, celles qui façonnent mon cheminement vers un monde en devenir tout autant esquissé par le doute que par l’espoir.
Thierry BOYER, 2017.